Je me sens née.
Je ne tiens plus en place, chaque pose m’est plus agréable encore. Je me sens née
Les rayons de l’étoile mère transpercent ma chair. Je me sens née
Le vent devient ruban et se faufile doucement autour de mes avant-bras. Je me sens née
La musique, lassée de mes oreilles, se promène jusqu’à découvrir mes jambes engourdies. Je me sens née
Les parfums se marient, polygames, fuyant sans lendemain vers la même lune de miel. Je me sens née
Les mots lus, les mots vus, murmurés; les plus clairs de la bouche de mes aimés. Je me sens née
Les seins rarement révélés, je m'autorise la peau nue sur les tissus volants du lit. Je me sens née
L’iris, pointe aiguisée, vise la moindre forme dissimulée sous le plus perdu des noirs. Je me sens née
Le ciel disparu me dépeint comme une enfant, qui pleure de joie comme de pire. Je me sens née
L’organe gonflé en pression, finit par céder; à vif, des larmes en giclent. Je me sens née
Le ruisseau d’eau salée glisse le long des reliefs, comblant la crevasse amer. Je me sens née
Les mots me scarifient, effet rasoir brûlure des sons de la prose anodine. Je me sens née
Face à un mur en béton imaginaire ; bâti de chaleur à la poitrine, de sécheresse sur les pommettes, de fourmis dans les membres. Je me sens née
Si on me regarde attentivement, on a vue sur le monde, aussi diaphane que les pages jaunies d’un livre ouvert. Je me sens née
Le conscient trottine au rythme du cœur des autres, mais reste figé dans l’attente obstacle de
L’amour. Je me sens née